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L'AVIS DES ARTISTES

Les Mouches
vocabulaire utile:

  • romanesque - relative to a novel
  • causerie, f. - chat
  • ouvrage, f. work, book
  • impressioné - affected, moved, impressed
  • censure, f. - censure, censorship
  • investir - to weigh down, beleaguer, invest
  • tentative, f. - attempt, try
  • désespoir, m. - despair
  • écrasé - crushed
  • puissance, f. - power
  • éprouver - to undergo, experience
  • rapport, m. - connection, relationship
  • se distraire - to entertain oneself
  • rattacher - to bind, link
  • véritable - true, genuine
  • réunir - to unite, bring together
  • plein - full
  • évasion - évasion
  • de nouveau - again, once more
  • entendre - to intend, to understand, to hear
  • opprimé - oppressed
  • réduireréduire
  • s’abriter - to take shelter
  • goût, m. - taste
  • souhaiter - to wish
  • échapper - to escape
  • dessin, m. - drawing, plot, intrigue
  • actuel - current
  • fondateur, m. - founder
  • chez lui - at his home, in his work, thought, behavior
  • désseché - dried out
  • selon- according to
  • dramaturge, m. - playwright
  • romancier, m. - novelist
  • arrière-plan, m. - backdrop, background
  • traité, m. - treatise, treaty
  • saissant(e) - captivating
  • doué - gifted, endowed, talented
  • à savoir - namely, that is to say
  • disponibilité, f. - availability
  • pression, f. - pressure
  • faire pression - to pressure
  • jouir - to enjoy, to enjoy the use of, to have an orgasm
  • précepteur - tutor
  • racine, f. - root
  • par hasard - by chance
  • apaiser - to appease
  • offenser - to offend
  • colère, f. - anger
  • remords, m. - remorse
  • repentir, m. - repentance, regret
  • étouffer - to suffocate, to smother
  • par conséquent - consequently
  • servitude - servitude, constraint
  • salut, m. - salvation
  • raciner - to root
  • sauver - to rescue, to save
  • affranchi - released, (postmarked)
  • joug, m. - yoke
  • débarasser - to clear off
  • encadrer - to frame, to surround with
  • volonté, f. - will
  • gratuite - gratuitous
  • se soumettre - to submit
  • paresse, f. - laziness
  • d’une part ... d’autre part - on the one hand, on the other hand
  • assumer - to take on (responsibility)
  • prendre en témoignage - to call to witness
  • pharisien - pharisee, hypocrite
  • trouble, m. - confusion, disorder (mental)
  • inquiétude, f. - worry
  • les érinyes – Sirens (mythological)
  • Apollon – Greek god Apollo

Huis Clos
vocabulaire utile:

  • volonté, f. – will
  • nuire - to harm, be detrimental
  • bourreau, m. – executioner
  • garçon d’étage, m. – bellboy, floor housekeeper

Simone de Beauvoir sur le théâtre moderne : Jean-Paul Sartre et Camus - I Introduction

Jean-Paul Sartre: Les Mouches et Huis Clos
Introduction

1. Je veux vous parler aujourd’hui du théâtre français tel qu’il s’est developpé et tel qu’il s’est affirmé depuis la guerre (WWII), mais comme c’est un sujet qui serait beaucoup trop long pour une courte causerie, je crois qu’il vaut mieux me limiter à quelques pièces et à quelques auteurs. J’ai choisi les deux auteurs qui me semblaient les plus représentatifs, c’est Jean-Paul Sartre et Camus, qui n’avaient jamais publié d’ouvrage théatrale avant la guerre et qui sont très significatifs des tendances du théâtre moderne. Et j’ai choisi parmi leurs pièces Les Mouches et Huis Clos pour Jean-Paul Sartre, et Caligula pour Camus. Je crois qu’en étudiant un peu attentivement ces oeuvres, nous aurons une idée plus juste, plus intéressante des tendences modernes du théâtre français que par une longue et superficielle énumeration de toutes les richesses, car il y en a de grandes, qui se sont manifestées pendant cette période.

Jean-Paul Sartre : Les Mouches
Commentaire et extrait

Je vous parlerai d’abord des Mouches de Jean-Paul Sartre. C’est la première pièce d’un auteur qui n’était connu jusque là que par des ouvrages philosophiques et romanesques. Pour vrai dire ce n’est pas exactement sa première pièce, car Jean-Paul Sartre avait fait une première expérience théatrale qui l’avait beaucoup impressionné et qui l’a certainement beaucoup influencé dans le camp ou il a été prisonnier pendant neuf mois.

Commentaire : Les Mouches

On lui avait demandé au moment de Noël d’écrire une pièce et il avait essayé de communiquer à ses camarades un peu d’espoir, certaines de ses idées, malgré les surveillances, malgré les censures qui investissaient toute tentative. Le sujet qu’il s’était proposé c’était le sujet de la Nativité puisque c’était pour la fête de Noël, mais cela lui permettait de représenter d’une manière très transparente le drame de l’occupation en France puisqu’il avait commencé son sujet de la manière suivante -- il décrivait la Judée occupée par les Romains, les tentations de désespoir, de collaboration qu’il y avaient dans ce petit pays écrasé par une immense puissance, et cependant la volonté d’affirmation, de résistance, d’une partie de la population. Et, cette pièce était très inférieure à celles que Sartre a écrites depuis, mais elle avait, elle l’avait beaucoup intéressée, elle avait été pour lui une grande expérience parce qu’il avait éprouvé là la possibilité d’un rapport direct et d’un rapport très significatif avec le public, tandis que souvent le public dans une salle de théâtre est un ensemble de gens qui viennent simplement pour se distraire, pour tuer le temps, pour critiquer, pour faire comme les autres, sans être rattachés les uns aux autres par aucun lien véritable, ni de situation, ni d’intérêt. Au contraire, le public c’étaient tous des prisonniers, réunis par une même situation, qui venaient écouter ce qu’un des leurs avait à leur dire, et, il y a eu, dans cette communication, quelquechose qui a été pour Sartre très exaltant et plein aussi d’enseignement parce qu’il a compris là pour la première fois d’une manière très évidente, quelle était la vraie fonction de la littérature, qu’il n’était pas simplement une distraction, une évasion, ni même une contemplation d’une certaine vérité éternelle, mais qu’il était véritablement une action et qui devait se situer dans le temps, dans l’espace, dans des situations concrètes, si bien que quand il a été rentré à Paris, et quand il a décidé de nouveau avec beaucoup d’autres écrivains qu’il fallait malgré tout, malgré l’occupation, que les intellectuels français essaient d’écrire, de s’exprimer. Quand il s’est retrouvé dans ces circonstances il s’est rappelé son expérience du camp de prisonniers, et la pièce qu’il a écrite, Les Mouches, a été un effort pour communiquer, malgré les censures et malgré toutes les difficultés, avec l’ensemble du peuple français. Et c’est la première chose qu’il faut comprendre si on veut lire clairement Les Mouches, c’est que c’est une pièce qui a été écrite en 1943, representée en 1943, et qui entendait apporter à des gens opprimés et qu’on réduisait au silence, pour qui l’action n’était que clandestine et très difficile, un message d’espoir. C’est pour cette raison que Sartre a choisi de s’abriter derrière un mythe historique. D’après ses goûts personnels, il aurait plutôt situé ce drame, qui est un drame de la liberté, dans des circonstances contemporaines puisque précisement il souhaitait faire un drame qui fût engagé dans le moment présent.

Mais cet engagement ne pouvait pas être révélé, sinon la pièce n’aurait jamais échappé à la censure et il s’agissait d’en masquer le dessin. Sartre a donc emprunté une vieille histoire à la Grèce, et apparement, ce qu’il raconte c’est l’histoire d’Orèste revenant à Argos et tuant, pour se venger d’eux, le meurtrier de son père Egisthe et Clytemnestre, sa mère, qui l’a incité au meurtre, poussé par Elèctre comme dans l’histoire antique. Mais de ce drame Sartre a fait non pas seulement une histoire classique mais comme je vous disais véritablement le drame de la liberté. Et c’est un point très important pour lui parce que cette idée de liberté est au centre de la doctrine existentialiste, qui est, comme vous le savez, la doctrine philosophique dont Sartre est en France, sous sa forme actuelle, le fondateur. Ce qui est intéressant aussi à noter c’est que cette idée de liberté n’aurait pas encore trouvé chez lui son developpement sous une forme théorique quand il lui a donné une expression concrète dans Les Mouches. C’est important parce que cela nous montre que dans cette espèce de collaboration de la philosophie et de la littérature qu’on trouve en France aujourd’hui, il peut très bien arriver, que ce soit la méditation concrète sur un côté individuel, particulier, du drame humain qui amène le philosophe à préciser sa pensée même sur un plan théorique. Mais il ne faut pas croire que quand un auteur comme Sartre écrit une pièce ou un roman, il part d’abord de la théorie et il essaie ensuite de l’illustrer par une pièce ou par une histoire, ce qui serait une très mauvaise méthode qui rendrait le roman ou la pièce quelquechose d’abstrait ou de désseché. Simplement il se situe dans un certain univers philosophique qui est le sien, et qu’il donne à ses personnages la dimension metaphysique, qui est selon lui, leur dimension réelle, et il fait de leur histoire une espèce d’expérience intérieure comme tout dramaturge, tout romancier, est amené à le faire. Autrement dit, avec cet arrière-plan philosophique, il écrit la pièce, il écrit le roman pour eux-mêmes, si bien que la pièce peut lui apprendre quelquechose comme elle peut aussi apprendre quelquechose aux lecteurs qu’ils n’auraient jamais trouvé dans des traités théoriques. Ça a été le cas pour Les Mouches, qui sont, jusqu’ici, l’expression la plus claire, la plus saisissante, de la théorie de Sartre sur la liberté, c’est à dire, de sa morale de l’engagement. Le héros, Orèste, apparaît au début comme un jeune homme doué de cette liberté qu’on a cru longtemps en France être la liberté véritable, à savoir la pure disponibilité, cette disponibilité dont parlait par exemple An(dré) Gide. C’est un fait intéressant à noter parce que c’est ce genre de liberté qu’ont connu, justement, avant la dernière guerre, beaucoup de jeunes intellectuels français, beaucoup de jeunes bourgeois en général qui ne sentaient pas d’une manière très forte la pression de l’histoire, la pression des conditions économiques, sociales, politiques sur leurs propres vies, et qui se croyaient libres du fait que ils voyaient s’ouvrir devant eux quantités de possibilités et que rien ne faisait pression sur eux. C’est la liberté dont jouit Orèste qui pendant des années s’est promené à travers le monde avec son préceptuer sans avoir de liens, sans avoir d’attaches, sans avoir non plus de tâches précises à accomplir. Mais cette liberté ne lui suffit pas. Il sent que c’est une liberté abstraite, vide, morte, qu’un homme n’est vraiment libre que s’il a quelquechose à faire, s’il a des racines, et souhaite se donner ces racines, et ce n’est pas par hasard, ce n’est pas par simple curiosité qu’il arrive à Argos et que là il respire l’atmosphère de la ville et que il découvre qu’il y a quelquechose pour lui à faire dans cette ville.

Il découvre que les gens d’Argos qui sont son peuple vivent dans une terrible oppression. Ils vivent d’abord dans le remords parce que Egisthe pense que pour apaiser les dieux qu’il a offensés il faut que le peuple tout entier se repente du crime que lui, Egisthe, a commis, ou pour mieux dire, il ne croit même pas exactement à la colère des dieux, mais il pense que maintenir le peuple dans l’abjection du remords, du repentir, c’est la manière la plus facile d’étouffer sa liberté et par conséquent de le forcer à accepter une servitude et une dictature. Et le peuple vit en effet dans la terreur, le remords, qui sont contraires à toute espèce de dignité et de liberté humaine. Et Orèste comprend deux choses: il comprend que pour son intérêt, on pourrait dire son salut subjectif, il lui faut accomplir un acte qui vraiment le racine en ce monde, et particulièrement dans sa ville. Et d’autre part il comprend que le peuple a besoin pour être sauvé d’être affranchi du joug d’Egisthe. Et c’est de ce double motif que naît sa décision, de débarasser le peuple d’Egisthe et de Clytemnestre. Il est poussé à cela par Elèctre, car bien entendu il faut des motifs psychologiques à toute décision fut-elle d’un caractère métaphysique et morale. En réalité la décision s’encadre toujours dans des situations très concrètes, et la pression que fait sur lui Elèctre, et l’affection qu’Orèste porte à Elèctre jouent un rôle très important dans la détermination d’Orèste. Mais, essentiellement, sur le plan moral, sa volonté c’est celle-ci: se sauver lui-même en sauvant son peuple. Et c’est cette liaison du service subjectif et de la motivation objective de l’acte qui me semble le plus important dans la pièce et aussi bien que dans la théorie générale de Sartre sur la liberté qui consiste non pas à poser une liberté purement individuelle, détachée de tout contenu, détachée de ses liens avec le reste du monde, mais ce qu’il appelle une liberté engagée, c’est à dire une liberté qui se donne un contenu en s’envoyant plus d’utilité d’autrui. On ne peut pas dire ni qu’Orèste a agi simplement pour lui-même comme s’il avait été animé de cette espèce de volonté puissante par exemple dont parlait Neitche. On ne peut pas dire non plus qu’il agit pour le peuple avec une totale abnégation de lui-même comme si il n’était pas important à ses propres yeux. Il a agi à la fois pour lui-même et pour les autres, ce qui est selon Sartre la seule manière vraiment valable d’agir car un homme ne doit dans son action ni totalement se perdre, s’oublier. C’est lui-même qui agit et son acte a répercussion sur lui mais il ne faut pas non plus l’accomplir d’une manière purement gratuite car une action gratuite n’aurait pas de contenu, ne serait pas véritablement une action. Orèste a accompli donc ce meurtre, et il l’accomplit, chose aussi très importante, contre la volonté des dieux. Les dieux représentent, aux yeux de Sartre, la morale établie, l’ordre établi, tout l’ensemble des conventions auxquelles l’homme trop souvent se soumet par une espèce simplement de paresse et de peur. Et l’acte d’Orèste est libre en ce que d’une part il a un contenu et d’autre part en ce qu’il est vraiment assumé par le héros, c’est à dire qu’Orèste ne demande à personne de juger si son acte est bon ou mauvais, mais il ne prend en témoignage que dans sa propre conscience et dans son propre jugement, ce qui l’amène à une solitude assez tragique. Il n’accomplit pas cet acte gaiement. Il l’accomplit avec l’espèce d’angoisse qui doit toujours, selon Sartre, d’après Kierkegaard, accompagner l’acte vraiment morale, non pas avec la certitude de soi, du pharisien, mais avec le trouble, avec l’inquiétude, avec l’espèce de souffrance de l’homme vraiment morale. Avant accompli cet acte de cette manière-là, sans joie mais avec une ferme décision, du même coup il n’aura pas de remords, il va échapper aux terribles érinyes, aux mouches qui dévastent la ville d’Argos, qui dévastent même le coeur d’Elèctre, parce qu’il sait qu’il a fait ce qu’il a voulu et c’était dans sa volonté d’homme, précisement, de décider du bien et du mal, d’éclairer la vérité du bien et du mal.

Vous allez entendre à présent une des scènes capitales des Mouches. Orèste a tué Clytemnestre et Egisthe. Il est réfugié dans le temple d’Apollon. Les érinyes l’entourent, et Zeus en personne vient réclamer de lui le repentir de sa faute, vient lui demander de déclarer que l’acte qu’il a commis était un mal et Orèste refuse et oppose à la volonté de Zeus sa propre affirmation humaine, d’une liberté, que rien en dehors d’elle-même ne peut déterminer, ne peut condamner ou justifier.


Extrait: Les Mouches
QUESTIONS DE RÉFLEXION ET DE COMPRÉHENSION
(C’est Zeus qui parle au début, avec Orèste et El`)
  1. Quel est le rôle de la littérature que Sartre découvre en écrivant la pièce au camp de prisonniers?
  2. Pourquoi Sartre choisit-il de raconter son histoire à travers un mythe historique? Quel thème présente-t-il?
  3. Comment décrit-il la liberté d'Orèste?
  4. Qu'est-ce que Sartre appelle la liberté engagée?
  5. Selon Sartre, quelle est la seule manière d'agir qui est vraiment valable?
  6. Que pensez-vous de l’idée de la liberté engagée?
  7. A votre avis, qu’est-ce la liberté véritable? Quelle est notre plus grande liberté?
  8. Croyez-vous que l’artiste ait une obligation envers son public? Pourquoi ou pourquoi pas?
Commentaire : Huis Clos

Jean-Paul Sartre a écrit pendant l’occupation une autre pièce, Huis Clos, d’un caractère très différent. Il a voulu marquer, dans cette œuvre, une vérité, qui lui est aussi très chère, c’est que le bien ou le mal ne peuvent exister pour les hommes que par les hommes. C’est le sens d’une des formules les plus célèbres de Huis Clos, « l’enfer, c’est les autres, » dit un des personnages. Ce que Sartre veut dire, c’est que l’enfer, comme aussi dans sa pensé, le paradis, ne peuvent venir aux hommes que par les hommes. Les résistances du monde, la maladie, la pauvreté, la captivité, la mort même, dans la mesure ou elles apparaissent comme naturelles, ne sont ni bonnes ni mauvaises, mais sont faites, comme le disait autrefois les Staiciens, pour être surmontées. Il y a, au contraire, un mal véritable, un mal absolu, c’est la volonté mauvaise d’un homme qui veut nuire à un autre. Et, la nature humaine est telle que chaque homme, en un sens, est un ennemi pour les autres hommes, du fait même qu’il coexiste avec eux, et qu’il veut se poser, lui-même, comme conscience, comme liberté, ne regarder les autres que comme des objets. C’est un état de choses qui peut être surmonté par l’amitié, par la confiance, mais, si les hommes refusent l’amitié et la confiance, alors, à ce moment-là, ils deviennent véritablement, les uns pour les autres, des bourreaux, et leur coexistence devient un enfer. C’est cet aspect sombre de la condition humaine que Sartre a voulu illustrer par Huis Clos. Ici encore, il a eu recours à un mythe, pour la même raison que dans la pièce précédente. Il aurait aimé montrer les rapports d’hommes enfermés ensemble, dans une cellule, par exemple, à Fresnes ou dans une autre prison, dans des conditions réellement concrètes et historiques, mais c’était impossible. Il a donc transposé cette coexistence dans l’enfer. Il suppose que trois individus coupables, des uns pour des raisons, des autres pour d’autres, mais tous, la conscience chargée de lourds crimes, se trouvent réunis en enfer, et, de par, justement, leur mauvaise volonté, de par la peur qu’ils ont les uns des autres et le fait qu’ils s’enferment dans leurs intérêts personnels, ils deviennent des bourreaux les uns pour les autres et c’est cela le tourment qui les attend, non pas des tourments extérieurs, le feu, les grilles, et cetera, mais ce tourment que peut être tout homme de mauvaise volonté pour d’autres hommes et, pour vous donner une idée de cette pièce qui est très différente de ton de celle dont vous avez entendu une scène, vous allez entendre à présent la première scène de Huis Clos, celle qui introduit toute la pièce, lorsque le journaliste Garçin arrive dans cet étrange endroit, il ne sait pas encore lequel c’est, ou l’accueille un garçon d’étage qui ressemble à n’importe quel garçon d’étage dans un hôtel. Voici le dialogue entre Garçin et le garçon d’étage.

Extrait : Huis Clos
QUESTIONS DE RÉFLEXION ET DE COMPRÉHENSION

  1. Comment explique-t-elle l’idée de Sartre, exprimée dans la citation, « l’enfer, c’est les autres » ?
  2. Pensez-vous qu’une telle enfer (ou paradis, selon Sartre) puisse exister dans la vie quotidienne ? Donnez-en un example.
  3. Sartre décrit le mal véritable ainsi : « la volonté mauvaise d’un homme qui veut nuire à un autre ». Comment interprétez-vous cette idée ? Etes-vous d’accord ? Pour vous qu’est-ce que le mal véritable ?
  4. Selon Sartre, quels sont les rôles de la confiance et l’amitié dans les relations humaines.
  5. Comment un individu peut-il devenir l’ennemi d’un autre ?